C'était à la mi-novembre. Il était 4:30 du matin. Je n'avais pas
fermé l'oeil de la nuit. Je me suis levée et je suis allée manger un plat de
céréales devant la télé, dans le salon. Sur MaTV, une reprise de l'émission Selon l'opinion comique. L'animatrice a demandé à l'un de ses
invités, le comédien Claude Legault, s'il préférait jouer ou écrire.
-Je préfère jouer, a-t-il répondu. Écrire, c'est difficile. Avoir
une idée, c'est facile, mais construire après, c'est difficile. J'admire les
gens qui écrivent des romans.
Ces paroles m'ont fait grand bien. Les critiques qui avaient suivi
la publication de mon dernier roman jeunesse n’étaient pas à mon goût et
m’avaient donné l’impression de recevoir une mauvaise note.
Dans la première critique, son auteur résumait l’histoire, servait
quelques impressions rapides, et y allait ensuite de deux gros bémols. Silence
sur les mérites du livre. Dans la deuxième, la consultante énumérait plusieurs
qualités du roman mais semblait le regretter aussitôt. Elle avait elle aussi quelques
bémols, affirmant entre autres que ce roman faisait preuve d'un «excès
d'optimisme». Seul le troisième commentaire était élogieux d’un bout à l’autre.
Bien sûr, je suis restée accrochée aux deux premiers qui m'ont déçue
et laissée sur ma faim…de reconnaissance. Même si je sais que chacun a droit à
son opinion, je n'ai retenu que les bémols et les silences.
Dans cet état
d'esprit, le commentaire de Claude Legault était
vraiment bienvenu. J’ai choisi d'imaginer que je pouvais me l’approprier, l'inscrire
à mon actif pour m'aider à composer avec la critique. Après tout, je l'avais
écrit ce roman (et quelques autres d'ailleurs) et je l'avais mené à bon port.
Imparfait certes mais rempli de qualités.
À la suite de cette insomnie si
féconde, j’ai rédigé pour les auteurs de ces critiques une lettre dans laquelle
je soulignais les éléments positifs de mon travail. Je n'ai pas envoyé cette
lettre. Je l’ai plutôt insérée dans mon journal pour la relire à l’occasion. En
fin de compte, ma réaction devant ces appréciations est la première responsable
de ma déception. Je me suis moi-même centrée sur les éléments négatifs au lieu
d'enregistrer les bons mots et de laisser tomber le reste. La rédaction de ce message
a rétabli l’équilibre.
L'essentiel
dans toute cette histoire, c'est de ne pas me laisser démobiliser. De continuer
à créer, à construire phrases, haïkus, nouvelles et romans parce que tel est
mon chemin et mon grand plaisir. Et j’ajouterais : de compter mes bons points. C'est sur ceux-là
que je peux m'appuyer, ils constituent le tremplin dont j’ai besoin pour
plonger dans la prochaine création.
Merci à Claude
Legault d'être apparu sur l'écran de mon téléviseur dans cette nuit de
novembre. Il m'a offert un encouragement inattendu et il a contribué à me
ramener dans mon énergie créatrice. Dans la musique, les notes, les silences,
les altérations, la mesure, le rythme, les accords sont agencés de bien des
manières. Il y a de magnifiques chansons en mineur, avec bémols à la clé.
Tous droits réservés
Reproduction interdite
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire