Le paysage chavire, courbe légère ou virage à 90°. On ne sait pas avant
d'y arriver ce qu'il promet. Et même si on pouvait entrevoir ses promesses,
dans quel état est-ce qu’on se présente devant ce nouvel espace? Encore rempli
du trajet précédent, déçu de le quitter ou des brassées de fleurs au cœur, les
mains ouvertes aux bontés que réservent ces environs tout neufs, ces bords de
route, ces champs, forêts, villages et villes?
Le paysage vient à ma rencontre, joyeux ou stérile, offert ou aigri. Il
déboutonne mes doutes. À l’instant où, dans sa forme de nouveau-né, lui et moi
faisons connaissance, une étape décisive est franchie. On peut toujours revenir
sur ses pas, on le fait parfois, on marche à reculons ou sur place pendant un
moment, quand on ne sait plus comment avancer.
Le paysage se défait, tourne sur lui-même ou retourne dans son futur
informe. Jusqu'au jour où nos forces rassemblées, on se tient à sa porte, prêt
à l'étreindre, prêt à danser dans la courbe, sans crainte des révélations qui
surgiront des bois environnants, les bras tendus de songes, de possibles, de
chemins de terre où s'inscriront et plongeront nos racines.
© Tous droits réservés
Le paysage comme métaphore de la vie, elle qui nous réserve aussi bien des «virages à 90 degrés» que des retours en arrière quand elle ne «chavire» pas tout court. Un très beau texte qui parle du courage d'avancer avec confiance avec tout ce que nous sommes, y compris la part d'inconnu en nous. Je retiens, entre autres, «les bras tendus de songes». Merci Denise!
RépondreSupprimerDiane Thivierge
Merci pour ce beau commentaire qui enrichit le texte et le poursuit d'une certaine manière.
Supprimer