Il y a quelque temps, une amie m'a avoué qu'elle avait toujours voulu peindre. « Mais je n'ai pas de talent » a-t-elle ajouté. J'étais surprise, elle n'avait jamais mentionné ce désir.
Il m'arrive moi aussi parfois de me croire sans talent. Cette attitude a plus d'une fois contrarié mon élan vers l'écriture et contribué à garder secret le plaisir que j’y trouvais, comme si c'était une faute dont il fallait avoir honte.
Pourquoi tant insister sur cette question ? Après tout, faut-il être Michel-Ange pour s'emparer d'un pinceau et appliquer de la couleur sur une toile ou Marcel Proust pour griffonner quelques lignes sur une feuille blanche ? Ne serait-ce pas là plutôt prétexte à reculer devant son bonheur ?
Cette insistance traduit, je pense, la tentation de la perfection et peut-être aussi la difficulté à être simplement soi-même. Chose certaine, elle ne peut que retenir les bras disposés à s'élancer sur le papier et à l’étreindre avec enthousiasme. En peu de temps, le mouvement s’éteint et se transforme en blocage.
Renoncer à la performance, quel soulagement! Se raconter la seule histoire qui vaille : prendre plaisir à jouer avec les mots ou les couleurs, à gribouiller, barbouiller, comme un enfant. Qui sait d'ailleurs s'il n'y a pas un talent bien dissimulé dans cette esquisse du désir ?
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mercredi 27 janvier 2010
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