C'était en novembre. Nous n'avions pas de coquelicots sous la main.
Seulement un mince ruban rouge que l'animatrice avait apporté pour servir de
point de départ à notre texte. Ce ruban, croisé, piqué au centre par un bout de
fil, je l'ai encore en mémoire ainsi que tout ce qu'il évoque. La fin de la
guerre, bien sûr, mais aussi et surtout le temps de la paix.
On ne peut aborder ce dernier sujet sans parler des conflits et des combats
en cours, y compris les nôtres. Il y a tant de blessures, de rancoeurs, de
cicatrices. Pas toujours facile de construire la paix, en moi et autour de moi.
Quand la colère gronde, j'ai la langue guerrière, les mots qui piquent, la main
armée d'un stylo à l'encre rancunière.
On a tendance à croire que la paix est simplement l'absence de guerre.
Ce n'est pas le cas, c’est un acte actif qui exige une certaine dose d'efforts
ou du moins quelques gestes de bonne volonté. Des premiers pas, des
rapprochements, des dialogues, des tables de négociations. Je repense au ruban
rouge croisé. Dans mon imagination, je coupe le fil qui retient les pattes du
ruban et je le décroise afin d'allonger la période où le paisible prend le pas
sur le belliqueux. Je l'accroche à mon crayon, pour me rappeler de me
concentrer sur cette tâche dans mon petit monde, intérieur, familial,
professionnel.
Rancunes dans
la gouttière
glissent jusqu’à
la terre
compost du
coeur
Un armistice - ce mot vient du latin
«arma», arme et «sistere», arrêter - est une convention signée par des
belligérants pour mettre fin aux hostilités.
11 novembre 1918 : cette date marque la fin des combats de la Première
Guerre mondiale 1914 - 1918. L'image du coquelicot comme symbole du souvenir de
ceux qui sont morts à la guerre provient d’un poème de John McCrae, médecin du
Corps de santé de l’Armée canadienne ; In
Flanders Fields a été traduit en français par le major Jean Pariseau et est devenu Au champ d'honneur.
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